Les détaillants Rolex en Europe et aux États-Unis devraient craindre l’acquisition de Bucherer par Rolex, selon Michael Tay, directeur général du groupe basé à Singapour, The Hour Glass, qui possède des salles d’exposition en Malaisie, en Thaïlande, au Vietnam, à Hong Kong, au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
The Hour Glass est coté à la bourse de Singapour et, contrairement au groupe Watches of Switzerland, dont le cours de l’action a chuté de 25% lors de l’annonce de l’acquisition de Rolex, son action n’a baissé que de 5% le jour même.
Lors d’une discussion animée par le magazine Revolution lors des Geneva Watch Days, M. Tay a déclaré, en plaisantant à moitié et taquinant gentiment M. Hurley, directeur général adjoint et président du groupe Watches of Switzerland aux États-Unis : “Disons simplement que je suis content de ne pas être un détaillant Rolex européen ou américain en ce moment”.
Il a peut-être ajouté cela en plaisantant et taquinant gentiment M. Hurley, car M. Tay a ensuite déclaré qu’il ne prévoit pas de changements significatifs dans la manière dont Rolex ou Bucherer opèrent au cours des cinq à dix prochaines années.
Toutefois, il a émis une note de prudence à l’adresse des revendeurs officiels Rolex, dont Bucherer, qui seront tenus aux normes les plus élevées par Rolex.
“Ce que les détaillants devront faire, c’est améliorer la qualité du service. Cela va les inciter à veiller à ce que l’expérience des consommateurs soit conforme aux normes de Rolex”, a déclaré M. Tay.
Le groupe Watches of Switzerland a publié un communiqué à la bourse de Londres suite à l’annonce de l’acquisition de Bucherer, dans lequel il indique que Rolex a assuré que l’activité de vente au détail sera gérée de manière indépendante.
Hurley a réitéré ce point. “Elle sera gérée de manière indépendante, Rolex l’a clairement précisé. Cela ne signifie pas qu’ils vont se lancer dans la vente au détail primaire ou se développer”, a-t-il déclaré.
Comme Bucherer, le groupe Watches of Switzerland travaille avec Rolex depuis un siècle (Goldsmiths au Royaume-Uni, désormais détenu par WoSG, a commencé à travailler avec Rolex en 1919) et est convaincu que cette relation perdurera, même en concurrence avec Bucherer en Europe et aux États-Unis.
“Bucherer fait du bon travail. C’est un détaillant très innovant qui a fait des choses excitantes depuis qu’il a repris Tourneau aux États-Unis, comme rénover Time Machine à New York et TimeDome à Las Vegas pour en faire des magasins fantastiques avec une nouvelle gamme de marques”, a décrit M. Hurley.
Mohammed Seddiqi, directeur commercial pour Ahmed Seddiqi & Sons basé à Dubaï, estime que l’accord était une décision intelligente de la part de Rolex pour garder l’entreprise entre les mains d’une institution suisse vénérée. “C’est mieux que de la voir [Bucherer] acquise par quelqu’un d’autre”, a-t-il déclaré.
Seddiqi possède et exploite la plus grande boutique Rolex au monde dans le Dubai Mall.
Seddiqi a déclaré que les marques concurrentes de Rolex, représentées par Bucherer, ont été informées qu’elles n’avaient rien à craindre de l’accord. “Nous avons rencontré quelques PDG de marques représentées par Bucherer, et ils m’ont dit avoir reçu des appels de Rolex il y a quelques mois pour leur assurer que tout se passerait bien”, a-t-il ajouté.
Antoine Pin, responsable de l’activité horlogère de Bulgari, a fait la même déclaration lorsque nous l’avons rencontré à Genève. “Il y aura des barrières entre Rolex et Bucherer”, a-t-il affirmé.
Il existe des précédents à cela. Sephora, un détaillant mondial de cosmétiques et de parfums, appartient à LVMH mais vend des marques de tous les grands groupes de luxe.
TimeVallee, propriété de Richemont, vend des marques horlogères de LVMH et du Swatch Group.
Bien qu’aucun des détaillants présents lors de la table ronde ne s’attende à des changements à court terme, M. Tay de The Hour Glass a déclaré que la situation évoluerait constamment, Rolex apprenant rapidement de son nouvel opérateur de vente au détail.
“Cette acquisition a offert à Rolex une opportunité incroyable de comprendre ce que le client final recherche. Si l’on pense aux points de contact qu’ils ont avec les clients aujourd’hui, ils sont vraiment centrés sur le domaine numérique. L’engagement final avec les consommateurs fait défaut”, a-t-il expliqué.
